Entretien réalisé avec Célia Grincourt, animatrice radio et comédienne, qui vient de lancer début octobre un podcast dédié à la non-violence.
Bonjour Célia. Pour commencer, peux-tu nous dire comment est née l’idée de ce projet ?
Avant que le projet ne se dessine dans mon esprit, j’étais déjà investie sur les questions de violence éducative. Je suis notamment adhérente de l’OVEO (Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire) et j’ai consacré une émission de radio à la défense des droits des enfants. Pour moi, les enfants sont les premiers dominés. Je cherchais néanmoins à relier cet engagement à une réflexion plus globale sur la violence du système. Je me suis notamment impliquée dans des organisations comme le Mouvement Colibris ou Greenpeace. Un jour, j’ai lu un article sur le site La relève et la peste qui évoquait les travaux d’Érica Chenoweth, politologue américaine connue pour son ouvrage «Why Civil Resistance Works: The Strategic Logic of Nonviolent Conflict». J’ai découvert que si nous étions seulement 3,5 % de la population à nous soulever, cela suffisait à renverser un régime. Cela m’a donné envie d’en savoir plus sur la non-violence et la désobéissance civile. J’ai découvert diverses personnalités à l’instar de Jean-Marie Muller et ainsi pu nourrir ma réflexion. La non-violence m’a en fait permis de tout mettre en lien. Pour moi, c’est tout simplement le meilleur moyen à notre disposition pour défendre l’être humain, une réponse naturelle à tous les maux qui rongent notre société.
Pourquoi avoir choisi le podcast pour communiquer sur la non-violence ? Et pourquoi l’avoir intitulé La force de la non-violence ?
Déjà parce que le podcast est un média que je connais bien en tant qu’animatrice radio. C’est un format qui selon moi offre plus de liberté que la radio, malheureusement plus formatée aujourd’hui, et qui se prête parfaitement à l’idée que j’avais d’aborder différentes facettes de la non-violence. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, le sujet était relativement peu présent dans les médias. Le podcast me permet de suivre ce fil rouge de la non-violence et favorise la prise de distance donc la réflexion. Avec ce projet, je souhaitais aussi apporter un nouveau regard, donner une image plus dynamique de la non-violence. C’est un média très en vogue notamment parmi les jeunes générations. Cela a aussi compté dans mon choix. Concernant le titre, je souhaitais à la fois qu’il marque les esprits et qu’il casse les stéréotypes. Faire comprendre aux gens que la non-violence représente une force puissante, les interpeller d’emblée.
Comment choisis-tu les personnalités que tu vas interviewer ?
Au départ, j’avais quelques idées mais je n’avais pas forcément les réseaux pour aborder la non-violence sous toutes ses formes. La rencontre avec l’association Non-Violence XXI m’a permis d’entrer en contact avec des personnalités aux profils très différents. Que ce soit des personnes engagées dans la lutte non-violente comme Ogarit Younan qui a fondé l’université AUNOHR au Liban ou Jon Palais des mouvements Alternatiba et ANV-COP21, des spécialistes des questions éducatives comme Isabelle Filliozat, ou des artistes qui ont fait de la non-violence leur marque de fabrique comme HK ou Jean-François Bernardini. L’idée encore une fois étant d’explorer la non-violence dans sa globalité, d’en saisir la complexité. Lorsque je choisis mes invité.e.s, je suis également soucieuse du respect de la parité et de la diversité.
Ce serait quoi pour toi une société non-violente ?
C’est une question complexe. Pour moi, une société non-violente, ce serait une société qui a complètement changé de mode de gouvernance, avec de la démocratie directe qui s’exerce au niveau local, de la monnaie locale, un tissu associatif beaucoup plus riche, des échanges fluides et ouverts. Une société qui considère davantage ses enfants, qui prenne en compte leur développement affectif, qui soit respectueuse de leur rythme et qui ne les mette plus en concurrence. Pour obtenir un tel changement cela passe selon moi par la mise en œuvre collective d’une alternative au système capitaliste. Il faut «armer» les citoyennes et les citoyens d’outils démocratiques, leur redonner du pouvoir. Je suis par exemple favorable à la possibilité de révoquer des élu.e.s., de contrôler les lobbies afin de mettre fin à la connivence toujours plus forte entre intérêts privés et secteur public.
Enfin, quel message aimerais-tu passer aux personnes qui nous lisent ?
Qu’il faut poursuivre leur engagement à nos côtés, continuer à donner des moyens à la non-violence. C’est absolument essentiel. Il faut la médiatiser encore plus. Cela passe par des outils comme ce podcast bien sûr mais cela passe aussi par le fait d’en parler autour de soi tout simplement. Défendre cette magnifique idée avec passion et faire entendre au plus grand nombre le message admirable qu’elle porte, ce qui fait l’essence de ce projet de société.
Retrouvez le podcast de Célia sur : https://force-nonviolence.fr/